Visite tardive (pv Beth)

Quelques jours après l'inauguration...

Kunthea avait réussi à sa faire inviter la veille par le voisin de Beth et de Kate. Elle avait donc pu tendre l'oreille sur le programme des deux jeunes femmes. Elle avait ainsi appris que, Kate de sortie, Beth serait seule à l'appartement ce soir-là. Elle regrettait d'avoir écouté cette conversation, mais pas au point de renoncer à ce projet pour lequel elle avait déjà beaucoup hésité. Cynthia voulait avoir des réponses à ses questions, voulait mieux comprendre Mick, mais elle savait que ça n'était pas chez lui qu'elle devrait aller. Lui ne voudrait pas entendre ses questions, lui ne voudrait pas voir en elle autre chose que la meilleure amie de Coraline. Elle ne pouvait pas non plus aller chez Josef, ne sachant pas la réaction du vampire, mais se doutant que celle-ci ne serait pas des plus sympas. C'est pour ça qu'elle allait chez Beth. Elle savait que l'humaine connaissait la véritble nature de Mick, de Coraline, de Josef, ainsis que la sienne. Cynthia ne savait pas comment Beth allait réagir, mais son intuition - qu'elle avait souvent juste - lui disait de rester confiante, que l'humaine aurait certainement plus d'indulgence et comprendrait mieux la vampire, justement parce qu'elle est humaine. Kunthea marchait dans le couloir, se rapprochant de la porte de l'appartement de la jeune femme.

22h30. Visite tardive. Nécessaire. pour Cynthia, en tout cas. Elle avait décidé de jouer franc-jeu. de se dévoiler à Beth, certaine qu'elle comprendrait. L'humaine devait déjà avoir entendu la confession de Mick, et comprendrait sans doute la sienne. En tout cas, si la journaliste acceptait de l'écouter. Se trouvant à présent devant la porte, elle toqua. Entendit les pas dans l'appartement. Beth ouvrit la porte, et ne cacha pas sa surprise face à cette visite inattendue. Cynthia décida d'aller droit au but : - Vous l'aimez, n'est-ce pas ?

Quand on toqua à sa porte à une heure aussi tardive, Beth s'attendait à tout, sauf à la personne qu'elle trouva en face d'elle.

Cela faisait partie des habitudes -et des privilèges- de Mick de débarquer après la tombée de la nuit mais ce soir là, Beth comprit qu'elle allait inévitablement devoir s'adapter aux horaires des vampires de LA qui, malgré leur réticence à cotoyer des humains, semblaient de plus en plus ne plus pouvoir se passer d'elle.

-Cynthia...

La voix de la journaliste était froide et neutre...
Le souvenir de l'inauguration était un peu trop vif dans sa mémoire pour qu'elle puisse s'empêcher de réagir de la sorte.

La jeune femme ne fut même pas surprise par la question qui suivit immédiatement.
Après tout, la vampire avait découvert son adresse et elle avait le cran de venir lui parler chez elle. Il était donc normal que les deux femmes jouent cartes sur table.

-Oui... Je n'ai pas la prétention d'être la première dans ce cas, ni même celle qui compte le plus, mais il fait partie de ma vie. Et le voir en sortir ne serait pas concevable pour moi.

L'allusion à Coraline et à leur rivalité était évidente.
Maintenant que Mick avait fait un pas vers elle, Beth avait entraperçu ce que son histoire avec le détective pouvait devenir. Elle était prête à se battre pour le garder et espérait que la vampire le comprendrait.

Beth se recula un peu et entrouvrit plus largement la porte.

-Vous voulez entrer ? Je pense que c'est le genre de conversation pour laquelle nou serons mieux à l'intérieur...

Quand Beth ouvrit la porte en grand, elle montra encore à Cynthia son ouverture d'esprit, et le fait qu'elle était prête à entendrela version de la vampire. "Et le voir en sortir ne serait pas concevable pour moi."
Cynthia ne s'attendait pas à cette réflexion, mais comprit que l'humaine croyait que la vampire précédait Coraline, qui serait revenue pour Mick. C'était faux, mais, il y a quelques mois encore, la psychiatre l'aurait certainement fait.

-Vous voulez entrer ? Je pense que c'est le genre de conversation pour laquelle nous serons mieux à l'intérieur...
Je veux bien, merci, dit-elle en pénétrant dans la pièce. Tout d'abord, je tiens à être honnête avec vous. Qu'importe ce que Mick vous a dit sur moi, il ne m'a sûrement pas décrite comme sa meilleure amie...Je peux ? demanda-t-elle en montrant le canapé. Quand Beth hocha la tête pour signifier que oui, la vampire s'asseya, mais l'humaine resta debout, se tenant à distance d'une possible apparition de crocs. Cynthia sentait la méfiance de l'humaine vis-à-vis d'elle. Faisant comme si elle ne percevait pas ce doute sur ses intentions -les meilleures du monde, pourtant - elle continua :
...Ni même comme celle de Cora, puisque pour lui je ne suis qu'un pion, le... elle hésita sur le mot mais le prononça néanmoins, mal à l'aise : toutou... de Coraline. Mais ce qu'il ne vous a pas dit, c'est que je déteste le mensonge. Mais, ça, il ne l'acceptera jamais de ma part... il ne verra pas que je peux être gentille, il ne voit en moi qu'un larbin... Vous chercheriez des qualités à vos ennemis, vous ?.. Non, je ne suis pas venue vous tuer, rassura-t-elle la jeune femme, qui la regardait d'un air encore plus méfiant. Je ne suis pas votre ennemie, continua-t-elle d'un ton qui se voulait rassurant. Ca fait un peu cliché, non ? 'je ne suis pas votre ennemie', s'amusa-t-elle. Non, pardon, laissez tomber... Si je suis venue, reprit-elle, c'est pour m'expliquer avec vous. Je ne suis aps venue récupérer Mick pour Cora, dont je n'ai pas de nouvelles depuis longtemps déjà. A vrai dire, depuis qu'elle a été emmenée par son frère... Mais même si elle avait essayé de me contacter, je n'aurais pu la joindre, j'était en séminaire à l'étranger... Mais qu'est-ce que tu fais ? Va droit au but, Cynthia, ne tourne pas autour du pot... se murmura-t-elle en se passant la main sur le front. Bref, je suis ici pour que vous posiez toutes les questions que vous voulez, j'y répondrais avec la plus grande franchise, acheva-t-elle en posant les mains sur ses genoux.

Elle releva la tête et regarda Beth, attendant que celle-ci ouvre la bouche..

A la grande surprise de Beth, la vampire se révéla être la plus mal à l'aise des deux.
Agitée et peu claire, elle tournait autour du pot et hésitait à donner de franches explications.

Beth comprit également que son invitée se méprenait sur ses réactions. Là où elle voyait de la crainte et de la haine, il n'y avait que méfiance et curiosité.
Peu importe ce qu'avait pu dire Mick, seul ce que Beth pensait comptait. La journaliste se fiait à son propre jugement avant toute chose et elle comptait le faire savoir à la vampire.

-Votre histoire avec Mick ne regarde que vous. Je connais Coraline et je sais ce dont elle est capable. J'en ai fait les frais à mes dépends, ajouta-t-elle dans un sourire amer.

-Ce dont VOUS êtes capable, je n'en ai aucune idée et je ne suis pas sûre d'avoir envie de le savoir. Et bien que Mick ait apparemment du mal a vous faire confiance, cela ne me concerne pas.

Les explications de Coraline avaient suffit à Beth et bien que "pardonner" lui soit impossible, elle avait accepté, avec le retour de Mick dans sa vie, cet épisode de son passé.

-Quant à Coraline... Et bien étrangement, je pense en savoir plus que vous puisqu'elle m'a rendu une petite visite il n'y a pas si longtemps...

Beth arborait maintenant un air de défi et sans plus attendre, elle se montra très claire avec Cynthia :

-Je crois que c'est vous qui devriez me poser des questions. Je n'en ai aucune pour vous mais votre retour n'est certainement pas anodin et vous devez être à la recherche de quelque chose qui se trouve à LA. Qui a peut-être même un lien avec Mick, Josef ou un autre vampire des environs...

...Je crois que c'est vous qui
devriez me poser des questions. Je n'en ai aucune pour vous mais votre
retour n'est certainement pas anodin et vous devez être à la recherche
de quelque chose qui se trouve à LA. Qui a peut-être même un lien avec
Mick, Josef ou un autre vampire des environs...

"Pourquoi pensent-ils tous que je ne reviens que eux ?.. Je change de ville régulièrement, et, tout de suite, parce que je viens à L.A, je suis de mèche pour la tentative d'assassinat visant Josef, je précède Coraline pour Mick... Et c'est moi qui a des problèmes..."

Cynthia la regarda, étonnée. Aucune question ? Mick lui avait donc tout dit sur elle ? Mick savait donc tout de son passé ? Il connaissait tout ce qui occupait l'esprit de la vampire ? Kunthea reprit la parole, exposant ses doutes et ses interrogations.

Bien. Bien... Mais, que savez-vous de moi, exactement ? Que CROYEZ-vous savoir ? Que vous a dit Mick ? Que je suis l'ombre de Coraline ? Que je ne fais que lui venir en aide et la couvrir ? Ce n'est pas exact... Certes je l'ai aidée à s'échapper de l'hôpital, à essayer de recréer le remède, mais elle aussi m'est venue en aide... Mais, ça, Mick ne vous l'a certainement pas dit, n'est-ce pas ? Il ne vous a sûrement pas dit qu'elle m'avait sauvé la vie ?

Voyant l'air étonné de Beth, elle ajouta :

C'est bien ce que je pensais... Si je lui suis autant fidèle, c'est, d'une part, parce que c'est dans ma nature de l'être envers mes amis, et, d'autre part, parce que je lui dois d'être encore en vie, et d'avoir ainsi une chance de revoir quelqu'un d'extrèmement important pour moi. Mais je pense que vous ne verrez jamais en elle que la vampire qui vous a kidnappée et trompée. Je voulais vous faire comprendre que ça n'était pas le cas.

Elle attendit la réaction de l'humaine, à la fois méfiante encore et
curieuse, ayant remarqué l'air incrédule de la jeune femme face à la
possibilité d'une Coraline sensible et... "humaine".

Beth haussa les sourcils. La révélation que venait de lui faire Cynthia était plutôt surprenante et la journaliste doutait que Mick en sache autant sur le lien qui unissait les deux vampires.
Cependant, elle n'aimait pas la tournure que prenait la conversation. La défense de Coraline n'était pas un sujet qui lui était cher mais Cynthia avait remarqué combien Beth était curieuse et elle avait réussi à attirer son attention.

-Ce que Coraline m'a fait m'empêchera toujours de la voir comme un être généreux et dont la compagnie est précieuse. Rien de ce que vous direz ne pourra me faire changer d'avis, même si c'est très noble de votre part d'essayer de m'éclairer sur sa véritable personnalité.

Tout en dévisageant la jeune femme, Beth soupira.

-Mais je dois admettre que mon opinion sur Coraline a considérablement évolué ses derniers temps et je reconnais qu'il y a certainement du bon à être son ami sous certains aspects.
Par contre, vous vous trompez sur un point : Mick est loin de la détester, il l'a même défendue à plusieurs reprises depuis qu'elle est revenue à LA.

Faire cet aveu était difficile pour la journaliste, mais puisque Cynthia s'était déplacée et venait défendre son amie, elle lui devait au moins ça.

-Et pour en revenir à vous... Je ne sais que ce que les autres m'ont appris mais s'il y a une chose que vous devez savoir sur moi, c'est que j'ai l'habitude de me faire mes opinions par moi-même...

Beth s'assit à son tour pour faire face à la vampire.

-Je n'ai rien contre vous et je suis prête à écouter ce que vous avez à dire. Et si ça peut vous rassurer, la dernière fois que j'ai vu Coraline, elle allait bien...

La journaliste planta son regard dans celui de Cynthia et attendit une réponse. Les hostilités étaient calmées, les deux femmes pouvaient maintenant baisser un peu leurs gardes.

Attention, révélations... spoiler spoiler.... lol!

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Cynthia avait décidé de jouer franc-jeu, et il était trop tard pour reculer. Elle redevint ainsi Kunthea von FelFäule, et essaya d'expliquer à Beth, qui semblait vouloir comprendre, l'affection et l'attachemetn qu'elle portait à Coraline. Elle commença donc...
Pour vous... disons éclairer sur ma relation avec Cora, il faut que je remonte assez loin dans le temps... Pour être exacte, il faut remonter à mes 13ans... Ma mère est morte en 1864, en mettant au monde mon petit frère.

"c'est trop dur.. je ne pourrais pas.. jamais... non, il le faut. je lui dit que je serais honnête, je le serais jusqu'au bout... courage, c'est comme ave Cora... allez, dis-lui..."

elle reprit, et sa respiration, et ses mots :

Peter était vraiment mignon, vous savez... Il a survécu à la mort de ma mère, expliqua-t-elle. Il était l'héritier de la famille, et mon père l'adorait... Vous auriez du le voir.. Il avait de petites boucles brunes qui tombaient sur son visage et qui s'arrêtaient juste au-dessus de ses yeux verts.. Bref... il avait appris à monter à cheval, enfin, sur un poney, quand il avait 5ans, ajouta-t-elle, la gorge nouée.
Le jour de ses 6ans, mon père lui a offert un poney rien que pour lui, parce qu'il était devenu un 'grand'... Peter n'avait pas le droit de le monter sauf si quelqu'un le surveillait, au cas où le poney deviendrait incontrôlable...

Ce jour-là, mon grand-père était de sortie. Mon père traitait des affaires avec un voisin, une histoire de vente de terrains, je ne sais plus trop quoi... Moi... j'étais avec Peter et notre nourrice, supposée le surveiller... Elle est partie quelques minutes, et moi je me suis assoupie... Peter en a profité pour monter sur le poney.
Il s'est passé quelque chose, on n'a jamais su quoi exactement - et l'animal s'est cabré, projetant mon frère contre l'arrête du muret de pierre de la cour du château familial... J'aurais du le surveiller... c'était moi qui calmait Wolfie, d'habitude ! et je ne l'ai pas fait ! je me suis endormie !
Peter était tombé à cause de moi... C'est le hennissement qui m'a réveillée, et je me suis précipitée sur Peter... Il ne bougeait presque plus. Je l'ai pris dans mes bras... elle croisa les avant-bras sur sa poitrine au souvenir, les larmes aux yeux :...et il est mort. Dans mes bras. J'étais là. et je n'ai rien fait pour empêcher Peter.
Après ça, mon père s'est éloigné. Il m'a plus ou moins reniée, noyant son chagrin dans l'alcool. Il m'a confiée à mon grand-père, qui lui m'a donné lamour qu'il avait pour Peter et moi..

Si je vous raconte tout ça, c'est pour être sûre que vous compreniez bien ma situation. Je ne suis pas de nature mauvaise, vous savez. je l'éloigne.. Bref. quelques années plus tard, j'ai rencontré Wilhelm.

Nous avons tout de suite sympathisé. Il était gentil, charmeur, avait une bonne répartie, et était vraiment intelligent. et, évidemment, très séduisant,ajouta-t-elle en un sourire.

Il avait été rejeté par sa famille, et c'est sans doute pour ça que nous nous sommes aussi bien entendus... Nos avions les mêmes idées sur presque tout... C'était vraiment agréable de discuter avec lui. Il n'avait jamais voulu venir déjeûner chez nous, avec mon grand-père. je ne comprenais pas pourquoi, ne sachant pas encore qu'il était un vampire depuis près de 7siècles. Pour tout vous dire, je l'ai cru intimidé par mon grand-père.
On est ensuite parti pour Paris, pour voir ce mouvement romantique qui enflammait l'Europe depuis quelques années de plus près. C'est pendant le voyage qu'il m'a transformé. il était tout pour moi depuis le décès d emon grand-père. Je l'ai supplié de me faire devenir comme lui. il a finalement accepté.

Au moment des hostilités franco-prussiennes, nous sommes partis en Angleterre pour ne pas être mêlés à un conflit entre les deux pays que nous aimions. j'ai pris le nom de Cynthia et un vieux et riche lord anglais m'a remarqué pendant une soirée. Il 'a courtisée, et Wilhelm m'a encouragée à accepter sa demande.

Malheureusment pour Maverick, je n'ai pas pu me nourrir pendant plusieurs jours, et, un soir, sans le vouloir, je l'ai mordu. Wilhelm m'a aidée à camoufler sa mort en une mort qui n'inquièterait personne, et, quelques mois plus tard, je partais pour les Etats-Unis. il ne m'a jamais rejointe. En 1923, j'ai rencontré Coraline, avec qui j'ai sympathisé. Nous avons gardé contact. Elle est la seule avec Wilhelm, et maintenant toi, à connaître l'histoire de Peter. ou l'histoire tout court, d'ailleurs, dit-elle, adoptant un tutoiement plus facile, montrant ainsi qu'elle baissait sa garde.

En 1936, il y a eu un incendie dans le bois autour de ma vila. J'habitais alors dans le Vermont. Ma maison a commencé à brûler, mais Coraline est arrivée juste à temps pour me sauver. J'étais en train de suffoquer quand elle m'a soulevée et emmenée loin de cet endroit. J'ai eu de la chance de la connaître. Après, la suite, je veux dire à partir de 1952, vous la connaissez...

Elle acheva alors son récit en disant :

C'est pour ça que je serai toujours là pour elle. Je n'ai jamais eu
d'amie, seulement quelques connaissances, des ladies lors de mon passage à Portsmouth et
quelques artistes à Paris. Je n'ai connu que Wilhelm.
Je ne suis pas de nature très extravertie, donc ça a toujours été un peu dur pour moi,de me lier avec des inconnus. Surtout quand je me rappelle que quand ils auront 60ans, j'en aurais toujours 28...

Kunthea se tut, se demandant quelle réacion l'humaine aurait face à ces aveux...

Les dernières phrases de Cynthia résonnèrent douloureusement à l'oreille de Beth.
Ainsi on en revenait toujours à cela... Les vampires et les humains n'étaient faits que pour cohabiter ensemble et lorsqu'il s'agissait de relations plus sérieuses, impliquant l'amour ou l'amitié, seule la condition comptait et la nature reprenait le dessus.

-Je comprends vos raisons... et votre attachement. Coraline vous a permis de vivre une chose à laquelle vous teniez par dessus tout. Moi elle m'a enlevé une partie de mon innocence mais sans elle je n'aurai jamais rencontré Mick... Et pourtant je ne crois pas que j'arriverai un jour à avoir de l'estime pour elle... Mais qui-sait ?

Beth ne savait pas s'il était très sage de reparler du passé douloureux de Cynthia. La vampire s'était confiée spontanément mais elle n'avait peut-être pas envie qu'on remue le couteau dans la plaie. Elle essaya donc d'avoir le plus de tact possible.

-Vous avez vécu des choses très difficiles et vivre éternellement ne vous permet pas d'oublier... C'est bien que Coraline et d'autres aient été là pour vous.

Beth s'était légèrement redressée dans son fauteuil, une idée venant de lui traverser l'esprit.

-Mais puisque vous ne semblez pas ici pour Coraline, une raison a bien dû vous pousser vers Los Angeles... Vous êtes venue toute seule ?

L'image de Josef étendu au Spider Club s'imposa à elle et la journaliste se rendit compte que Cynthia serait exposée au même danger que les autres, surtout si elle était seule.
Elle attendit donc la réponse de la jeune femme avant de décider de comment lui exposer la situation.

Kunthea apprécia la délicatesse avec laquelle l'humaine mentionna son passé. Elle avait failli regretter de s'être confiée, mais, maintenant, elle se sentait comme apaisée. Elle avait eu besoin d'en parler, et, comme ni Cora ni Willi n'étaient plus là - réaction somme toute assez égoïste, elle s'en rendait compte-, Beth avait, malgré sa méfiance encore palpable, monté dans l'estime de la vampire.
A la fin de sa tirade, puisque c'en était une, elle avait pris sa tête entre ses mains, épuisée mentalement de ce qu'elle venait d'avouer.

...Vous êtes venue toute seule ?

Elle leva la tête.

Il n'y a personne avec moi.Je suis venue seule de Phoenix. J'y habitais depuis 11ans. Mais, il y avait un problème avec un voisin plus ou moins nymphomane, donc j'ai préféré partir... il devait vraiment trop entreprenant... dit-elle avec un sourire presque complice, essayant de briser l'atmosphère pesante. De toute façon, j'arrivais au bout de mon ''temps-limite''...

Je change de ville et d'état, généralement, tous les dix ans environ, expliqua-t-elle.
Je laisse derrière moi des collègues, avec qui je m'entendais plus ou moins bien, et je garde contact, de temps en temps, avec certains.. qui sont comme moi... dit-elle, évitant de prononcer le nom de sa condition, sachant que celle-ci était un barrage entre l'humaine et Mick.

Quant à pourquoi L.A, je n'avais aucune raison particulière. Je prends une liste des Etats du pays et j'en pointe un au hasard. Quand j'ai l'Etat, j'en prends une carte et je laisse tomber mon doigt sur n'importe quelle ville. Je n'avais aucune raison particulière de venir ici. Peut-être qu'inconsciemment, je voulais voir la ville du cinéma, sourit-elle.

Tu avais peur que je ne vienne pour Cora, c'est ça ?

Beth sourit à la mention du voisin plus qu'envahissant de Cynthia. Il ne se doutait certainement pas qu'un simple coup de dent bien placé aurait pu le réduire à néant.
Mentalement la journaliste nota que Cynthia préférait partir plutôt que d'en venir aux crocs, cela en disait long sur sa personnalité... et lui rappella un autre vampire !

La vie de la vampire était décidément très mouvementée. Changer de ville, tout quitter pour ne pas que vos proches s'aperçoivent que vous ne vieillissez pas. Mick et les autres n'auraient pas à se soucier de ça avec elle et le détective avait réussi à garder son secret sans déménager.
Peut-être qu'un jour cependant il lui faudrait faire de même...

Beth s'éclairçit la gorge et sortit de ses pensées, remarquant que Cynthia l'observait, attendant de toute évidence une réponse qui ne venait pas.

-Je suis désolée... J'ai tendance à laisser mes pensées prendre le dessus. Et comme vous pouvez le deviner, parler des vampires et de leur condition n'aide pas vraiment.

Le vouvoiement était venu naturellement mais en entendant la dernière question de Cynthia, Beth se reprit :

-Au début oui... Nous l'avons tous pensé je crois... Mais Coraline est repartie de LA il y a quelques temps déjà, je suis la dernière à l'avoir vue et je pense qu'elle aurait trouvé un moyen de me prévenir si elle avait voulu envoyer quelqu'un.

La journaliste était consciente qu'il pourrait sembler étrange à Cynthia que Beth parle ainsi de son "ennemie" mais c'était la vérité : elle était bel et bien la dernière à l'avoir vue et les deux femmes s'étaient quittées en concluant un accord qu'elles avait gardé pour elles. Prévenir l'autre de tout changement en faisait partie.

-Je voudrais te souhaiter la bienvenue à LA, mais à vrai dire tu n'arrives pas vraiment au meilleur moment. Il y a eu un accident il y a quelques jours... Un accident qui nous laisse penser que les vampires sont en danger. En un mot, nous pensons qu'il y a un tueur de vampires à LA.

Beth avait laché sa dernière phrase dans un souffle. Elle ne voulait pas dramatiser mais elle pensait qu'elle devait mettre Cynthia au courant de la perspective d'un héritier de Van Helsing dans les rues de Los Angeles.

"Un accident ? ou un incident ? ce serait pas plutôt l'attentat de Josef ? ce danger pour nous, serait-ce ce dont il m'avait parlé à la plage ? peut-être qu'elle, elle m'en parlera... il faut que je sache... josef n'avait pas pu m'en dire plus, ni sur Wilhelm, ni sur ce danger, mais peut-être qu'elle le fera..."

Cynthia avait voulu rester plus ou moins impassible, le temps de se redonner une contenance. Mais elle n'avait pas réussi. Du coup, sa voix tremblait de manière presque imperceptible (ça se dit ?..), en disant :

Quand tu parles d'un accident, tu parles de ce qui est arrivée à la boîte de Josef ? le... spider club, c'est ça ?

Devant l'air étonné de la journaliste, ce qui était normal puisque Kunthea avait dit qu'elle venait arriver, elle expliqua :

J'ai lu des articles à propos de cette histoire... même si on essaie, on ne peut pas complètement museler la presse... ou plutôt, dans mon cas, internet, sourit-elle. redevenant sérieuse, elle ajouta : Josef m'en avait parlé, mais il est parti avant d'avoir pu approfondir...

"parce qu'il n'avait confiance en moi... mais ça, elle ne doit pas le savoir... je doute qu'il lui ait parlé de notre petite entrevue sur la plage..."

...Que s'est-il passé exactement ? Et ce tueur, on en sait plus sur lui ?.. Ou nous ne faisons que supposer son existence ?

L'humaine eut un léger recul de a tête à sa dernière phrase, probablement à cause du nous prononcé par la vampire. Par ce 'nous', elle entendait bien montrer qu'elle s'incluait parmi eux, se considérant ainsi comme une potentielle victime de l'hypothétique, au même rang que tous les autres vampires de L.A, montrant encore une fois qu'elle n'avait rien à faire avec lui.

Beth hésita un instant, surprise que Cynthia ait déjà eu vent de cet incident comme elle l'appellait.

-Oui, c'est ça... Nous ne sommes sûrs de rien mais quelques petites choses se précisent de ça et là et il semble bien que quelqu'un ait envie de décimer tous les vampires de LA. C'est pour ça que je t'ai demandé si tu étais seule. Il ne fait vraiment pas bon trainer sans protection pour les vampires de nos jours, ajouta-t-elle d'un air grave.

La jeune femme repensa à la piste qu'elle avait découverte quelques jours plus tôt et la raison pour laquelle elle n'en avait pas parlé à Mick. Etrangement, elle savait qu'elle ne craignait rien en tant qu'humaine mais l'idée que le détective parte à la recherche du coupable, seul et sachant de quoi l'autre était capable, lui avait fait taire ces nouveaux indices.
Kate était au courant mais elle ne savait toujours pas si elle devait en parler à Cynthia...

-Il y a eu une fusillade au Spider Club. C'est Josef qui était visé et... Sans la présence d'une autre vampire, Héléna, il serait certainement mort. Ce n'était pas une balle ordinaire, elle contenait une sorte de poison nocif pour les vampires. C'est ce qui nous a fait penser que c'est votre communauté qui est visée : j'étais à côté de lui et il m'a épargnée. Il, ou elle d'ailleurs, devait très bien savoir qui viser.

Beth venait de donner toutes les informations en sa possession ou presque, elle aviserait pour le reste le moment venu, l'essentiel étant pour l'instant que Cynthia soit au courant et en sécurité.

Héléna. Une vampire. Héléna. Pourquoi ce nom lui disait quelque chose ? Elle avait du la rencontrer, ou en entendre parler, mais où ? et quand ?

Quant au poison, c'était forcément de l'argent, le seul produit réellement dangereux pour un vampire.

L'assassin a du préparer son coup longtemps à l'avance, réfléchssait-elle à voix haute. Il devait savoir que Josef serait là ce soir-là, de même qu'il devait avoir repéré sa 'cible' avant, pour être sûr de ne pas se tromper... Dis-lui de vérifier les gens qui connaissent son emploi du temps. Soit il y a une fuite, soit notre tueur est venu plusieurs fois au Spider Club pour repérer Josef. En tout cas, il a forcément du y aller avant pour repérer les lieux...

Si Josef y passe, nous y passons tous. Tous, sans exception, dit-elle avec un regard appuyé.

D'ailleurs, c'est plutôt à toi de faire attention, Beth.

L'humaine écarquilla les yeux, et la vampire expliqua :

La personne qui a essayé de tuer Josef a du te repéré avec lui. J'ai connu quelques chasseurs/tueurs de vampires, notamment un avec qui.. bref, c'était dans les années 1920 environ. Et je peux t'assurer que celui-là ne fera sans doute pas exception à la règle. Tuer les vampires d'abord, les proches après. Parce que les proches sont souvent "complices" de nous autres suceurs de sang. Enfin, c'est ce que eux pensent. Si Jonas avait su que j'étais vampire, je ne sais pas ce qu'il m'aurait fait, ajouta-t-elle comme pour elle-même, ou plutôt, si, je ne le sais que trop bien... D'un autre côté, garde tes amis près...
Bref. Garde un oeil sur Mick, garde un oeil sur toi.

Niveau sécurité, je suis à peu près tranquille. Je viens d'arriver et il n'y a que ma supérieure qui ait mes coordonnées complètes. Josef a mon adresse, mais il doit la transmettre à quelqu'un. De mon côté, ça va.
Ne t'en fais pas pour moi, ce n'est pas la peine. Je viens d'arriver en ville, je te l'ai déjà dit, dit-elle en se levant. Il y a donc fort peu de chances que je l'intéresse et qu'il me connaisse.

Elle se dirigea vers la porte, l'ouvrit sans pourtant sortir et dit d'un ton presque enjoué :

De toute façon, qui voudrait ma mort ? Enfin, à part Josef peut-être, Mick sûrement, deux vampires - un en Europe, l'autre en Australie-, et mon ancien voisin de Washington en 1916 qui est déjà mort ?...

L'air légèrement autoritaire de Cynthia commençait à agacer Beth.
Qu'est ce qu'elle croyait ? Qu'aucun d'entre eux n'avait pensé à vérifier les agendas, fouiller les visiteurs et remuer ciel et terre pour savoir comment ce type avait pu passer sans être repéré ?

Il était évident que le danger qui planait était imminent et que tant qu'ils n'en sauraient pas plus, tout le monde était en danger. Tout le monde...

Et cette manie de raconter son passé ! C'étairt la première vampire qu'elle rencontrait qui se montrait aussi peu secrète sur son passé, même en tenant compte du fait que Beth était au courant de l'existence des vampires. Josef lui même n'était pas aussi expansif !

Beth n'avait pas l'habitude de lire à travers ses interlocuteurs comme dans un livre ouvert, elle qui n'accordait pas sa confiance aussi facilement mais elle se montrait également un peu injuste vis à vis de Cynthia, fraîchement débarquée du passé de Mick.

-Ne t'en fais pas pour moi... Ni pour les autres. Tout le monde est très prudent et tout le monde est sur sa piste. Celle qui nous inquiétait, c'était toi mais maintenant que tu es au courant et puisque tu penses que tu ne risques rien... Mais tu devrais te méfier, le tireur à l'air de sentir les vampires de très, très loin... Il sait ce qu'il fait, c'est certain.

"On ne peut pas en dire autant de Mick..." ne put-elle s'empêcher de penser...

Les insinuations de Cynthia à propos du détective n'avaient pas échappé à Beth et la journaliste songea encore qu'elle préférait se mettre en danger elle - son statut d'humaine la protégerait, elle en était sûre - plutôt que de laisser Mick se lancer sur des pistes qui pouvaient s'avérer plus que glissantes.

L'allusion aux menaces éventuelles que pouvaient représenter pour elle Mick, Josef et tous ceux avec qui Cynthia s'était accrochée fit sourire la journaliste. Si tous ceux qui avec qui nous ne nous entendions pas étaient en mesure de nous éliminer, il ne resterait plus grand monde sur cette terre et la vampire le savait, c'était sans doute cela qui, ajouté à son statut de vampire lui donnait ce sentiment de toute puissance.

-Tu devrais être prudente, vraiment, même si tu es beaucoup plus à même de te défendre que moi ! ajouta-t-elle dans un sourire ironique et entendu.

Beth se leva pour aller jusqu'à la cuisine et attraper quelques grains de raisins posés sur une corbeille.

-Désolée, je n'ai rien à te proposer. A moins que quelque chose d'"humain" ne te tente... ?

Elle avait agrippé un verre d'eau et le tenait contre elle.

-Il y a quand même un truc qui m'a toujours étonnée tu sais... Cette facilité que vous les vampires avez à bouger de ville en ville aussi souvent, sans vous faire attraper, en retrouvant travail et collèques, sans que rien ne transparaisse. Enfin, le plus souvent...

Poser cette question à Cynthia était étrangement plus facile que de le faire avec Mick ou Kate, le manque de proximité aidant sûrement et la bizzarerie du contexte jouant aussi beaucoup.

Cynthia avait senti que Beth n’était pas à l’aise et qu’elle s’était braquée, peut-être à cause de sa mauvaise habitude de parler de manière toujours presque supérieure, autoritaire. Bah, elle le savait, mais c’était pas facile de changer, surtout après plus de 150ans... Mais c’est vrai que ça,, l’humaine ne pouvait pas le savoir. La vampire se demandait également si c’était vraiment une bonne idée d’avoir raconté des passages de sa vie aussi personnels. Ça n’était pas son genre. Elle ne se fiait pas à la jeune femme, mais avait pensé, espéré même, que si l’humaine la connaissait un peu mieux, elle comprendrait davantage ses motivations.

Celle qui nous inquiétait, c'était toi mais maintenant que tu es au courant et puisque tu penses que tu ne risques rien...

‘‘Elle est vraiment honnête. Un bon point pour elle… Enfin, si on peut dire, vu que je me suis invitée chez elle…’’

La vampire adoucit son ton, se disant que l’humaine se détendrait un peu.

Et s’il nous sent, soit il a un très bon flair, si on peut dire, dit-elle en un sourire, soit il a une bestiole à ses côtés, soit il a des moyens de recherche très étendus… Peut-être un PI…

Cynthia avait souri en entendant la jeune femme s’excuser de ne pas avoir de sang, enfin, de ne pas avoir quelque chose de digérable pour la vampire.
Elle sortit sa bouteille thermos petit modèle de son sac et lui fit un grand sourire.

Te fais pas de bile. J’ai toujours sur moi de quoi me nourrir, au cas où j’aurais un p’tit creux dans la journée…

Cynthia se rassit dans le canapé qu’elle avait quitté précédemment. Se doutant que la vue du sang gênerait sans doute Beth, elle était contente que le petit verre du thermos soit opaque.
Elle but une gorgée, et réfléchit quelques secondes.

Je ne parlerais pas de facilité, tu sais, commença-t-elle prudemment. Pas vraiment… Peut-être est-ce plus facile pour nous qui sommes nyctalopes, mais je pense que ça varie selon les personnes. Mick, par exemple, est encore jeune, désolée de dire ça comme ça, mais… Ce que je veux dire, c’est que son domaine, je veux dire sa maison natale est encore debout, et qu’il y a toujours des choses qui le rattachent à son passé… Il ne peut pas encore tout quitter. Il n’est peut-être pas encore prêt… Je ne dis pas ça dans un sens négatif, rassure-toi ! Mais quand il aura plus d’un siècle, il voudra bouger. A côté de lui, regarde-moi. Regarde Josef si tu préfères. Il a plus de 400ans. Il a voyagé en Europe, y a habité. Il a vécu aussi à New-York.
Ça dépend, c’est vrai, de l’âge, mais également du caractère de la personne. Et puis, évidemment, du nombre d’amis qu’on a pu se faire…

Pour le passé, on essaie de se recréer une vie, ou de modifier celle qu’on a déjà. Un ami italien récupérait l’identité des jeune abandonnés à qui il pouvait ressembler légèrement, ou d’orphelin… Une fois ou deux, il s’était fait passé pour amnésique, et avait pu se créer une vie complètement nouvelle. C’était vraiment sympa de voir comment Matteo arrivait à embobiner les administrations… Enfin, on les embobine tous un jour, de toute façon…
Mais lui est plutôt chanceux, c’est vrai. Tu n’as pas tort quand tu dis que parfois, des morceaux de notre passé nous rattrapent… C’est pour ça qu’en général, si on déménage, on essaie de prendre des villes éloignées les unes des autres… Si tu habites ici, aux USA, et que tu prends, mettons, une ville par Etat, chaque ville pour dix ans, tu as déjà 500ans de planifiés. Tu n’auras qu’à remettre à jour tes diplômes, papiers d’identité… Et en général, dans presque toutes les grandes villes, il y a des personnes spécialisées avec qui tu peux prendre contact. Ils te recréent une identité en un claquement de doigts. Et, bien sûr, à la condition que tu leur offres à boire, ajouta-t-elle en souriant.

La vampire but une autre gorgée, se demandant si l’humaine poserait les questions auxquelles Mick n’aurait probablement pas répondues, vu qu’il n’appréciait pas son état de vampire. Cynthia était franche, ne mâchait pas ses mots, et, surtout, ça ne la gênait pas d’être ce qu’elle était, l’ayant elle-même voulu. Elle n’avait donc aucun problème à parler de son ‘espèce’ à quelqu’un, temps que ce quelqu’un ne la livrait pas aux autorités, à un cirque ou, pire, à un tueur. Mais ça, Beth ne le ferait pas certainement jamais… Enfin, Cynthia l’espérait.*

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* je sais que tu le ferais jamais, mais bon, j’suis pas censée être omnisciente, non plus… ^^ j’me méfie encore un peu, quand même… (parce que je suppose que tu ne prendrais pas l’hypothétique risque de peut-être perdre éventuellement Mick, si ?… ^^)

Beth avait écouté silencieusement.
Comme toujours lorsqu'elle en découvrait un peu plus sur le monde des vampires, la journaliste avait l'impression que ses convictions et sa confiance en un futur possible s'effondraient.

Elle avait haussé un sourcil quand elle avait vu le thermos et ce qu'il contenait. Enfin, ce qu'elle devinait qu'il contenait.
Etrangement, c'était presque plus facile d'accepter l'idée des "freshies" que de voir du sang conditionné à la manière du thé ou du café.
Seules les poches de sang de la morgue lui apparaissaient maintenant un compromis raisonnable mais elle se revoyait frissonner la première fois qu'elle avait vu Mick les utiliser, le soir même où il lui avait appris ce qu'il était.

La vision de Cynthia et sa façon d'exposer les choses avaient le mérite d'être claires. Même un peu trop mais ça faisait du bien de ne pas être traitée comme une petite chose fragile, incapable de surmonter de telles choses. Lorsqu'elle ne serait plus là, peut-être avant, Mick partirai, Cynthia venait de lui en donner la certitude.

-Votre technique marche apparemment très bien... Vous êtes très peu à vous faire attraper. Je ne parle pas du passé, simplement du fait que la communauté vampire est restée protégée de la folie humaine au fil des siècles. Pour ce qui est du reste, je crois qu'après 100 ans de "vie", on a déjà assez de fantômes pour être hanté jusqu'à la fin de son existence...

Beth commençait à ressentir le besoin d'être seule.
Même si elle était reconnaissante de sa franchise à Cynthia, l'humaine qu'elle était avait encore du mal a envisager toutes les possibilités que la communauté vampire impliquait, toutes ces règles et ces codes, tout ce que Mick ne voulait pas qu'elle sache...

-Cynthia... Merci beaucoup de m'avoir dit tout ça. Je ne compte plus les questions qui fourmillent dans un coin de ma tête et je pense que tu es une des seules personnes à m'avoir parlé aussi librement... mais j'ai aussi beaucoup de mal à emmagasiner toutes ces informations et je crois qu'un peu de solitude sera la bienvenue.

Ce n'était pas dans les habitudes de la journaliste de demander aux gens de partir mais Cynthia avait l'air, comme tous les vampires, de connaître et, en un sens, d'apprécier la solitude et elle comptait sur sa compréhension.

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*Bah, bah, bah, Beth est capable de dénoncer Coraline, de lui planter un pieu dans le coeur... Je ne sais pas moi même ce dont elle est capable ou ce qui pourrait arriver alors tu as raison d'être prudente, mais ne t'en fais pas trop quand même !

Cynthia s'était doutée qu'entendre toutes ces révélations, que Mick n'avait apparemment pas faites, serait difficile pour la jeune humaine. Cette dernière devait s'approprier une foule de règles et de 'codes', créés au fil des siècles par une communauté millénaire. L'humaine l'avait avouée, et Cynthia comprenait parfaitement toutes les interrogations que son monde pouvait contenir. Elle-même avait posé toutes sortes de questions à son parrain et mentor, car elle voulait tout connaître, tout savoir, tout comprendre.
La vampire avait hésité à répondre que les fantômes du passé pouvaient se faire oublier, par moments, même si certaines ombres étaient plus dures à 'vaincre' que d'autres. Comme tout vampire, elle savait ce qu'était qu'avoir besoin de personne, que vouloir êre isolé des autres. Elle se leva, et se dirgea vers la porte. Avant de rouvrir celle-ci, elle s'était tournée vers la petite table du hall. Sortant de son sac une petite carte (de visite), sur laquelle elle avait griffoné avant de la poser sur la table, elle expliqua à Beth :

Si d'autres questions te revenaient, n'hésite pas à m'appeler, de jour comme de nuit... Bien que j'ai une préférence pour la nuit, ajouta-t-elle en souriant franchement.
Juste, ne transmets pas cette carte à Mick, il ne me considère pas en tant que vampire indépendant, enfin, tu vois ce que je veux dire... Josef et toi êtes les seuls à savoir où j'habite. Je suis difficile à faire confiance aux gens. Ne t'imagine pas que je t'ai tout dit sur nous, sur moi. Peut-être, plus tard... Si je t'ai parlé de tout ça ce soir, c'est parce que je suis convaincue qu'il faut que tu en saches un minimum sur nous, puisque tu es avec un membre de notre communauté.
Je m'en vais, ne t'en fais pas.
Au revoir Beth Turner.

La vampire sortit, laissant à l'humaine le soin de fermer la porte entrouverte, et, s'éloignant de l'appartement, marchant dans le couloir, elle sourit en songeant à la tête que ferait la jeune femme quand elle découvrirait quand elle retournerait le morceau de bristol.

Sur le verso, la vampire avait écrit : Du hast mein Vertrauen verdient.

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non non, ça va pour moi... vu que je viens d'arriver, je peux aussi refaire très vite mes paquets, au cas où tu nous dénoncerais..^^ lol!

mais bon, quand tu auras traduit la tit phrase, tu y verras un peu plus clair..^^ parce que je ne compte pas te la traduire...héhé... moi méchante ? si peu... trampolin

Beth rendit son sourire à la vampire, heureuse qu'elle ait répondu à ses questions et qu'elle comprenne son besoin de solitude afin de digérer toutes ces informations.

-Mick ne saura rien sur toi que tu ne veux pas qu'il sache. Tout comme il y a des choses qu'il ne me dit pas, il y a des choses que je ne lui dis pas.

Ce qui, à y repenser, semblait un peu étrange dans un couple mais ils formaient un couple étrange alors...

Elle regarda Cynthia partir, lui adressant un petit signe d'aurevoir et s'avança afin d'observer la carte que la vampire lui avait laissé.
Elle fut surprise de constater que le mot griffoné à la hâte était en allemand, langue que Beth n'avait plus pratiqué depuis le lycée.

Ses souvenirs étaient cependant assez bon pour lui permettre de se donner une traduction approximative de la phrase mais plutôt correcte

Tu as toute ma confiance

Beth sourit à nouveau et garda la carte afin de la mettre dans son portefeuille, sans se douter qu'elle en aurait l'utilité plus tôt qu'elle ne le pensait.

La journaliste soupira puis se décida à attraper le livre posé sur la table du salon. Il était encore trop tôt pour réfléchir à ce qu'elle venait d'apprendre alors qu'elle ne désirait qu'une chose, se détendre.
C'est donc avec délice qu'elle ouvrit le livre et se glissa, pour la énième fois, dans les pages d'Orgueil et Préjugés.

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Quelques tentatives d'écoute de Rammstein et une amie billingue français-allemand m'ont donné des bonnes bases de la langue de Goethe. Je crois que je m'en suis pas trop mal sortie pour une traduction générale, "verdient" m'ayant donné le plus de difficultés ! ;-)

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