Cocktails, bord de mer et oeuvres d'art (PV Kate)

Son verre de cocktail -sans alcool- à la main, Shannon arpentait la galerie. Elle avait décidé de s'y rendre en tout début d'après-midi, entre deux gardes, afin d'éviter le monde. Elle commençait à avoir du mal à supporter la foule et marcher la fatiguait vite, c'était donc le meilleur moment pour profiter de l'exposition sans en subir tous les inconvénients.

La galerie était située en bord de mer, ce qui attirait pas mal de monde et l'artiste à l'honneur en ce moment était un de ceux dont tous les critiques d'art avaient le nom à la bouche. Le cocktail inclus dans le prix de l'entrée dénotait d'ailleurs de cette notoriété et Shannon avait beaucoup apprécié ce rafraîchissement inattendu.

Elle avait découvert cet artiste il y a plusieurs années, à l'époque où elle vivait encore à Seattle et où ses goûts artistiques provoquaient de grandes disputes entre Matt et elle. Shannon avait malgré tout réussi à le trainer dans une galerie qui vendait certaines de ses oeuvres, tableaux, sculptures, et l'avait convaincu de lui offrir une boule de granit sculptée d'une façon qu'elle qualifiait de divine et qui représentait le monde, de toutes les manières qu'il est possible de le concevoir. Elle n'avait jamais pû se séparer de cette boule qui trônait désormais dans sa suite d'hôtel et en voyant que l'artiste exposait à L.A, elle s'était décidée à sortir de sa retraite de femme enceinte et à venir trouver, pourquoi pas, quelque chose pour le bébé. Elle imaginait déjà la grimace de Matt si elle parvenait à ses fins et cette pensée la fit sourire.

Cela faisait une demi-heure déjà qu'elle parcourait la galerie, appréciant la plupart des modèles, mais sans vraiment trouver ce qu'elle cherchait. C'est près de l'angle d'un mur que son coeur se serra à la vue de l'objet. Une autre boule, plus petite celle-là, mais aussi beaucoup plus douce dans la représentation qu'elle offrait. Des fibres semblaient s'en échapper, donnant du relief à une scène champêtre et apaisante.

-Ce sera parfait, songea-t-elle à haute voix, avant de remarquer qu'une autre personne semblait s'intéresser à l'objet. C'était une jeune femme brune, qui avait l'air de noter chaque détail qui faisait la particularité et la richesse de la pièce. Shannon s'approcha d'elle et lui adressa quelques mots sur un ton autant amical qu'inquisiteur :

-Vous aimez ?

C'était bien beau de faire des expositions, de peindre et dessiner toute la journée, de courir d'acheteurs en acheteurs et de manquer d'arracher quelques têtes lors de réunions harassantes, mais Kate avait un autre boulot. Et la rédactrice en chef du magazine pour lequel elle travaillait avait était très compréhensive à l'égard de sa jeune employée et de sa carrière montante, mais ça ne voulait pas dire que le travail ne lui retomberait pas dessus. Et ça n'avait pas manqué, la belle brune avait un livre qui l'attendait dans son salon, venait d'envoyer la critique du film qu'elle avait vu la vieille et se dirigeait à pas préssés vers une galerie en bord de mer.

Chemin faisant, la jeune vampire feuilletait la brochure un brin tape à l'oeil. En première page, la photo de l'artiste, un grand brun aux airs ténébreux, était au moins aussi vendeuse que le brillant parcours exposé à l'intérieur. Mais la critique était bien placée pour dire qu'il s'agissait là d'une manoeuvre de publicitaire. Non seulement, elle devait de battre pour que sa tête ne s'étale pas sur la devanture de ses expos mais en plus elle avait rencontré le sculpteur. Enfin c'était un grand mot, il avait simplement fait une intervention à l'école d'art de New-York et les étudiants avaient eut le loisir de lui poser des questions et d'apprécier un cours de sculpture de sa part.

C'est donc dans un état d'esprit assez positif que la brunette venait voir ses oeuvres, bien qu'elle soit impartiale dans son jugement. Elle eut un sourire amusé quand on lui proposa un cocktail avec son invitation. C'était vraiment une attention charmante à l'intention des invités, mais la demoiselle refusa. Elle ne pouvait pas noter ses impressions et savourer une boisson dans le même temps, c'était techniquement impossible. La jeune artiste déambula un moment dans la galerie, notant l'évolution dans le style de son collègue.

La belle brune venait de s'arrêter devant une de ces petites boules typiques du style du jeune homme. Celle-ci avait une certaine douceur, un côté paisible et serein. Kate nota cette évolution, par rapport aux oeuvres mélancoliques et tristes qu'il avait offert jusque là. C'est alors qu'une femme, plus âgée qu'elle et humaine à l'odeur l'aborda en lui demandant si elle aimait l'installation.

L'intéressée leva le nez de son carnet, sourit à la femme enceinte d'après ce qu'elle voyait et répondit avec amabilité:
- Oui, j'aime beaucoup, c'est frais par rapport à ce qu'il faisait avant. Mais toujours aussi beau et très poétique.

Une fois lancée, la demoiselle était une vrai piplette:
- Vous vous intéressez à cet artiste? Il faut dire qu'il sait faire parler de lui.

C'est alors que la jeune vampire réalisa qu'elle ignorait tout de son interlocutrice et tendit la main en ajoutant:
- Mais je manque à tous mes devoirs. Je suis Kate Johnsson, enchantée.

Elle sourit aimablement et se demanda ce qu'il lui prennait à se montrer si volubile. Peut-être était-ce le contact avec Beth et Adam qui réveillait l'étudiante dynamique et ouverte qu'elle avait été il n'y a pas si longtemps. De plus sa mise au point avec Desmond lui permettait de vivre en compagnie des fantômes du passé et d'aller de l'avant. Mais ce n'était pas dit que son interlocutrice soit dans d'aussi bonne dispositions...

Shannon ne put s'empêcher de regarder la main qui lui était tendue avec circonspection. Elle avait pour habitude d'impressionner ses interlocuteurs en prenant cette initiative d'avance mais cette fois elle avait été devancée.
Elle réprima un sourire crispé et tendit sa main à son tour :

-Shannon Smith et je suis également... enchantée.

Elle commença à tourner autour du présentoir qui mettait en valeur la boule et continua à parler à la jeune femme.

-Je m'intéresse beaucoup à cet artiste, à vrai dire je le suis depuis plusieurs années. C'est la première fois que je viens dans cette galerie et je suis assez surprise du travail de publicité et de mise en place qu'ils ont fait, c'est très... grandiose ! Et cet objet en particulier me plaît beaucoup, acheva-t-elle en caressant la vitre qui le protégeait des mains malhabiles.

Shannon sentait grandir en elle le désir d'avoir cette oeuvre à elle. Elle n'avait jamais été très matérialiste ou manifesté une grande affection pour les souvenirs et les choses qu'elle possédait, mais l'art était une de ses faiblesses et elle était prête à y mettre le prix.

-Ecoutez... Je tiens simplement à vous dire que je compte acheter cet objet. Je ne voudrais pas que vous soyez surprise ou déçue, alors je vous fais part de mes intentions.

Il était clair qu'autant de maladresse et aussi peu d'amabilité n'allaient pas arranger la réputation de Shannon. C'était plus fort qu'elle pourtant, il lui fallait affirmer sa volonté, quitte à écraser ceux qui se trouvaient sur son passage.

L'humaine se présenter, lui serra la main et sortit le mensonge le plus hypocrite du monde en prétendant être également enchantée. Kate n'appréciait pas particulièrement ce genre de réactions, mais bon elle n'était pas du genre à juger sans connaître et cette jolie rousse devait avoir ses raisons de ne pas se montrer particulièrement... courtoise. Shannon tourna autour du présentoir, tout en continuant à bavarder. Apparemment, elle suivait cet artiste avec intérêt depuis quelques années et était étonnée des efforts déployés pour la publicité de l'évenement. La demoiselle n'avait pas tort, mais il fallait dire que l'artiste atteignait une renommée sans précédent. C'est pourquoi la jeune vampire répondit avec un petit sourire:
- C'est vrai qu'on ne peut passer à côté d'une expo pareille. Mais croyez-moi les directeurs de galleries de L.A sont des génies de la publicité, sans doute Hollywood qui leur monte à la tête.

Peut-être que la jolie brune s'ouvrait un plus facilement, mais elle n'avait rien perdu de son ironie et de sa vision toujours un brin sarcastique des choses et des événements. Chassez le naturel, il revient au galop comme on dit. Son interlocutrice caressait la vitre de protection de l'oeuvre avec une avidité visible dans les yeux. Visiblement le sculpteur tenait là une acheteuse, pensée qui fut confirmée par la façon très explicite que Miss Smith avait eut de lui faire comprendre que cette boule serait à elle. Déterminé la rouquine, et baucoup plus franche qu'il n'y paraissait.

Sans se défaire de sa mine avenante et souriante, Kate nota quelques détails dans son carnet et répondit:
- Vous faites un excellent choix, c'est une belle pièce.

Shannon sembla un brin surprise et la jeune vampire apporta quelques précisions:
- Oh, je ne viens pas acheter. Je suis critique d'art.

Voilà qui dissiperait les doutes restant chez la rousse flamboyante, si décidée à acquérir la petite installation...

Shannon toussota, gênée. Elle venait d'agresser cette pauvre fille simplement parce qu'elle soupçonnait qu'elle voulait acheter le même objet qu'elle. Elle releva la tête en souriant.

-Je suis désolée... J'ai un peu perdu le sens du contact avec les autres. Comme quoi, être enceinte vous rend complètement gaga, dit-elle en riant. Elle redevint aussitôt sérieuse et reprit :

-Non, en fait ça n'a rien à voir avec le fait d'être enceinte mais ça faisait une bonne excuse...

La jeune femme ne semblait pas lui tenir rigueur de ce manque de courtoisie si l'on se fiait la mine aimable qu'elle affichait toujours, et Shannon lui en sut gré. Elle n'était pas habituée à reconnaître ses torts ou à faire des excuses, c'était donc moins difficile lorsqu'elle tombait sur quelqu'un d'apparemment peu rancunier. Pour la première fois depuis qu'elle lui avait adressé la parole, elle commença à étudier son interlocutrice. Cette dernière était plutôt jeune et définitivement jolie. Habillée de façon simple mais élégante, elle ne donnait absolument pas l'image que l'on attendait d'un critique d'art, soit huppé et complètement surfait ou au contraire totalement excentrique, insupportable quoi qu'il en soit.
Shannon releva un sourcil.

-Vous êtes donc critique d'art ? Plutôt impressionnant pour quelqu'un de votre âge non ? C'est pour cela que vous vous y connaissez si bien en galeries et en procédés marketing...

Elle allait continuer quand une pensée l'arrêta. Elle se revoyait aux cotés de Matt, conversant avec une jeune artiste lors du vernissage d'une expo de ce genre. Une fois de plus, elle avait dû y trainer son mari mais, arrivés sur place, c'était elle qui avait du supporter le rentre-dedans qu'il avait fait à la jeune femme toute la soirée. Kate Jonhsson plairait à son mari, elle en était persuadée.

Shannon Smith, sourit à nouveau, de manière un peu plus forcée cette fois. Elle s'était promise de s'améliorer dans ses relations avec les autres, et ce n'était pas parce que cette jeune femme avait le profil type de la petite étudiante qui fait craquer tous ses professeurs que ce n'était pas quelqu'un de bien !

-Encore désolée, je ne sais pas ce qui m'arrive ce soir, peut-être qu'il y avait de l'alcool dans ce cocktail après tout... En fait je viens d'arriver à L.A donc je connais peu la ville et encore moins ses galeries. Et j'avoue que je suis assez surprise par le genre d'évènements qu'elles peuvent mettre en place ! Dites, c'est pareil partout ?

Les efforts qu'elle faisait sidéraient Shannon elle-même. Pour quelqu'un de l'extérieur, elle agissait certainement comme la dernière des idiotes, mais pour elle, c'était vraiment du travail de titan.

La jolie rousse toussota d'un air gêné et s'excusa e son manque de courtoisie, prétextant qu'elle avait perdu de sa sociabilité depuis qu'elle était encente, avant d'ajouter que ça n'avait aucun rapport mais que l'excuse était valable. Kate lui sourit et répliqua:
- Pas besoin de bonne excuse pour se renfermer un peu sur soit, ce sont des choses qui arrivent.

"Dis-donc ma petite, on va éviter la sagesse du vampire, je te rappelles que tu as vingt-quatre printemps pas quatre-vingt" se sermona mentalement la demoiselle. Les humains n'avaient pas l'habitude de voir des jeunes gens avec de la conversation et les voir réfléchir de façon calme et posée les surprennait d'autant plus en règle général. La brune savait qu'elle était sensée de rien connaître à la vie, qu'elle se devait de paraître ingénue et qu'elle ne faisait qu'expérimenter le monde. Mais elle ne parvennait pas à donner cette façade, elle avait perdu ses parents à seize ans et était devenu un vampire deux ans plus tard, c'était des événements qui vous faisait grandir vite, surtout quand vous êtes déjà assez mûre...

Mais encore une fois, l'artiste s'égarait dans ses pensées et elle rattrapa le file de la discussion juste à temps pour voir Shannon dubitative face à son jeune âge et son métier. Encore un apriori courant, avec lequel elle se devait de composer... Son interlocutrice s'arrêta au milieu de sa phrase ce qui permit à la jeune vampire de répondre:
- Oui, mais bon je travaille pour un magazine culturel destiné aux adolescentes, ça n'a rien de très prestigieux et ce ne sont pas les mêmes exigences que pour les journaux ou les magazines d'art. Et puis je suis moi-même peintre, c'est pour ça que je m'y connais en organisation d'expo.

A cette pensée, elle ne put retenir un sourire ironique. Oui, elle en avait bavé pour mettre sur pieds une expo et un vernissage digne de ce nom. Et il fallait ajouter à la difficulté de la tâche le directeur capricieux, les invetisseurs ignorants et les avances que Josef lui faisaient encore à l'époque. Un défi important s'il en est... Mais la peintre avait composé avec et ne s'en était pas si mal tiré au final.

La rouquine s'excusa à nouveau de ses légères absences puis relança la conversation, s'étonnant de la richesses des galeries d'art de la ville. La jolie brune aimait beaucoup parler d'art, ce qui faisait qu'elle se montrait volubile et ouverte depuis qu'elle avait rencontré Shannon et elle répondit toujours enthousiaste:
- Oui, on peut dire que L.A fourmille d'endroits culturels, comme je l'ai dis tout à l'heure la proximité avec Hollywood donne une vraie dynamique à la ville. Et puis le soleil, la mer, c'est très vendeur et ça attire du monde. En plus, on trouve de tout ici, il y a un tas d'artistes qui attendent leur tour pour exposer, la 5th Avenue Gallery par exemple a des listes d'attends longues comme le bras!

Et Kate était bien placée pour en parler puisqu'elle Josef avait dû faire des pieds et des mains pour qu'elle ai son expo, et elle avait eut de la chance que le directeur ame bien son travail...

La petite brune semblait savoir de quoi elle parlait. C'était agréable de rencontrer quelqu'un qui ne prenait pas ses goûts artistiques pour de simples lubies. Peut-être ne plairait-elle pas tant que ça à Matt après tout...

Shannon écouta Kate lui expliquer les attraits que L.A pouvait avoir, tant pour les artistes que pour les amateurs d'art, et elle se sentit presque stupide de n'avoir jamais considéré L.A comme une ville attirante, riche de tous les points de vue, dans laquelle il était possible de s'épanouir, de se cultiver et de retrouver goût à la vie. L.A n'avait toujours été que la ville dans laquelle son mari, ex-mari, avait fui, la ville dans laquelle il lui avait fallu déménager pour oublier l'humiliation, sans savoir qu'une autre l'y attendait.

Mais cette fille lui faisait prendre conscience que Los Angeles pouvait être une ville de rêve, imparfaite bien sûr, mais tout de même, une ville aux possibilités sans limites pour qui était prêt à essayer.

-Vous savez quoi ? Je n'avais jamais pensé à voir Los Angeles sous cet aspect. Pour moi c'était un hôpital de plus, des obligations de plus, mais rien de passionnant. Vous me faites réaliser combien j'en connais peu sur cet endroit et à quel point il mérite d'être découvert !

En poursuivant le fil de sa pensée, Shannon se rappela que la jeune femme lui avait dit être peintre. Ce qui pouvait sembler contradictoire avec un travail de journaliste pour un magazine destiné aux ados.

-Vous avez dit être peintre également ? N'est-ce pas un peu délicat de concilier toutes ces occupations ? Et je vais vous paraître grossière mais quel âge avez-vous ? 22, 23 ? Vous n'avez pas envie de faire autre chose ? De poursuivre vos études pour écrire dans un véritable magazine ?

Cela faisait beaucoup de questions, surtout pour Shannon Smith. La jeune femme regretta un tel flot de paroles et espéra que la jolie brune ne s'en offenserait pas. Cette fille apparemment ordinaire était certainement beaucoup plus extraodrdinaire et piquante qu'il ne paraissait et l'instinct de Shannon la poussait à vouloir savoir. Parce qu'on ne cachait rien au Dr Smith.

Shannon lui répondit qu'elle n'avait jamais pensé à envisager la Cité des Anges sous un jour aussi positif. Elle disait n'être venue ici que pour un nouveau travail, de nouvelles responsabilités, de nouveaux collègues qu'elle n'aimerait pas forcément aussi, sans doute. En somme, c'était par obligation qu'elle avait rejoint la Californie plus que pour le soleil et les bords de mers. Et peut-être que "l'heureux événement" était un facteur de son arrivée à L.A, mais cela ne concernait nullement la jeune vampire qui n'avait d'ailleurs particulièrement envie de chercher à savoir.

Mais aux yeux de la brunette, L.A était un signe de renouveau, de neuf, de lumière aussi bien dans le ciel que dans sa vie. Et les événements bienvenus et joyeux s'étaient enchaînés à une vitesse folle durant l'année qu'elle avait passé ici. Même si elle s'attendait à une meilleur vie en fuyant New-York, elle ne s'était pas attendue à quelque chose d'ausse fulgurant. Beth, son expo, la réconciliation avec Desmond, Adam... Tout ici prennait une belle tournure. C'est pourquoi elle répondit, avec un sourire doux:
- Personnellement, Los Angeles était mon échapatoire et je ne peux que vous souhaiter que votre arrivée débouche sur une année aussi merveilleuse que celle que je viens de passer.

Le docteur Smith, si la brunette avait bien saisi, enchaîna alors sur une batterie de questions sur la vie de l'artiste. Cette dernière ne parvint pas à contenir un sourire amusé en lâchant:
- Et bien, on dirait que ma petite existence passionne, je vais écrire ma biographie!

Elle eut un léger rire puis reprit la conversation, avec plus de sérieux tout de même. Malgré ses problèmes de confiance bien ancrés en elle, sa rencontre avec son amie et son vampire lui avait montré qu'on ne devait pas se renfermer mais s'ouvrir pour s'épanouir. Donc l'interrogatoire en règle de la jolie rousse ne la dérangeait pas, même s'il soulevait quelques petites choses dérangeantes. Le demoiselle répondit donc, sans se défaire de son paisible calme:
- J'ai vingt-quatre ans pour commencer...

Déjà, les mensonges commencaient. Enfin, pas à proprement parler puisqu'elle avait bel et bien vingt-quatre printemps, techniquement parlant. Mais elle avait été changée à dix huit ans et elle avait la chance inespérée de paraître plus que son âge. Et pour les années à venir, elle aurait l'air jeune... Quelle ironie, franchement que les premiers temps de renaissance d'un vampire! Kate poursuivit néanmoins la conversation, comme si de rien n'était:
- Donc en fait, j'ai terminé mes études d'art à New-York l'an dernier et je suis venue tenter ma chance ici.

Deuxième déformation de la vérité, mais après tout elle dissimulait simplement des informations. On n'étale pas sa vie privée à une inconnue, humaine de surcoit. La jolie brune continua:
- Et si j'ai écrit dans ce magazine c'était pour pouvoir vivre, si jamais ma carrière de peintre ne décollait pas. Et même si ma première expo a bien marché, je préfère conserver mon autre job un moment, histoire d'assurer mes arrières si je ne plaît plus. L'art est un univers où l'on monte très vite, mais où l'on redescend encore plus facilement et je ne veux pas m'écraser.

Prudence est mère de sûreté et la jeune artiste savait que le financement de Josef n'y était pas pour rien dans le succés de l'exposition à la 5th Avenue Gallery. Une fois qu'elle se serait lancé seule, ou avec des investisseurs moins prestigieux, les gens viendraient vraiment pour son travail et elle saurait si le monde de l'art californien était prêt pour recevoir miss Jonhsson...

Les paroles de Kate déclenchèrent le rire de Shannon. Visiblement la jeune fille n'allait pas se gêner pour la remettre à sa place mais cele ne semblait pas trop la déranger de répondre à toutes ces questions. Cette fille était une bouffée d'air frais et elle ne s'en rendait probablement pas compte.

-Merci pour vos souhaits et, vous avez raison, je suis beaucoup trop curieuse, déformation professionnelle. J'ai appris à demander à mes patients le moindre détail sur leur vie et leur santé, je suppose que cela déteint sur ma vie privée !

Elle écouta ensuite la jeune artiste se défendre des accusations de Shannon et lui en expliquer plus sur sa vie. Le Dr Smith ne pouvait s'empêcher de sourire. Elle aurait aimé pouvoir être aussi optimiste et enthousiaste à cet âge là, mais à 24 ans, elle s'était déjà brouillée avec toute sa promotion, avait un offre de stage dans l'hôpital le plus prestigieux des USA et n'était en aucun cas prête à faire des compromis ou à tenter quoi que ce soit d'autre que le brillant avenir auquel elle était promise. Elle avait très vite travaillé, s'était consacrée à sa carrière, et avait rapidement rencontré Matt. En un sens, la liberté de Kate lui faisait envie, même si Shannon avait su prendre sa vie en main quelques années plus tard, et continuait de le faire.

-Vous avez raison d'assurer vos arrières, c'est un milieu très ingrat à ce que l'on dit et il doit être très difficile d'y percer, sauf si l'on connait les bonnes personnes, bien entendu...

"Comme partout, ceci étant dit..."

Shannon savait en effet que le milieu de la médecine était lui même fait de ces pontes ultra puissants qui pouvaient vous élever au rang de demi-dieu ou faire de votre carrière un enfer. Matt en avait fait les frais, et elle aussi.

-Alors dites moi, Mlle Johnsson, avez-vous rencontré les bonnes personnes ou devez-vous votre bonne fortune à votre talent ?

La jeune femme était plutôt curieuse de savoir comment Kate se positionnait dans ce milieu qu'elle semblait connaître sur le bout des doigts de par ses multiples emplois, milieu à propos duquel elle semblait également parfaitement lucide. Mais c'était dans les habitudes de Shannon de voir jusqu'à quel point elle pouvait retrancher les gens dans leurs limites, aussi posa-t-elle cette dernière question sans aucune retenue ou ménagement.

La jolie rousse remercia Kate de ses souhaits de bonne fortune, et s'excusa d'être aussi curieuse. Déformation professionnelle d'après ses dires, et il semblaient en effet logique qu'un médecin se renseigne avec attention sur le mode de vie et les habitudes de ses patients. On ne pouvait certainement pas soigner quelqu'un sans en savoir un minimum de lui. De plus, la jeune vampire connaissait bien cette tendance à ce que le travail empiète sur la vie privée, avec une meilleure amie journaliste, un ami détective privé et un mécène paranoïaque... Compréhensive, elle hocha la tête et sourit avec douceur pour faire comprendre à son interlocutrice que ce n'était rien.

Une fois que la brunette eut terminé ses explications, Shannon approuva sa prudence, estimant que l'art était un milieu intrensigeant où il était difficile de faire ses preuves, du moins sans l'aide précieuse de gens riches et influents. Ceci dit, il y avait peu de métier où aucune forme de pistonnage n'avait lieu, on obtenait forcément une promotion de quelqu'un et l'Homme n'est pas une machine, ses sentiments entrent forcément en compte. Entre deux personnes avec les même qualifications, l'employeur prendrait forcément celle avec qui le courant passerait le mieux. Et puis, dans une vision moins naïve des choses, l'argent et la beauté sont des facteurs qui jouent d'une façon ou d'une autre.

D'ailleur la rouquine ne manqua pas de poser l'inévitable question, qui se résumait par de la chance ou du talent? La jeune artiste eut un sourire en coin, cette femme avait du caractère et une force teintée de répondant qui lui plaisait assez en un sens. Elle n'avait jamais aimé les gens sans personnalité et sans saveur de toute façon. Toujours avec sa sérénité olympienne, la demoiselle répondit:
- J'ai rencontré des gens qui m'ont permis de faire cette expo, sans eux, j'aurais certainement trimé daventage pour la mettre sur pieds. Mais d'un autre côté, je doute que le directeur de la galerie ai accepté uniquement pour faire plaisir à mon investisseur, le risque aurait été trop gros si j'étais médiocre, sa galerie a une réputation à tenir et lui aussi. Donc sans aller jusqu'à dire que j'ai du talent, je ne suis pas une barbouilleuse.

Kate regarda le docteur Smith avec assurance et ajouta:
- Je ne voudrais pas paraître impolie, mais je dois faire le tour de l'expo pour ma critique. Mais si le coeur vous en dit, vous pouvez me tenir compagnie.

La brune ne forçait pas la main à sa nouvelle connaissance, elle lui faisait simplement une proposition sincère dont Shannon faisait ce qu'elle voulait...

Shannon leva son verre en entendant la réponse de la jeune femme.

-Bingo ! Je crois que vous avez tout ce qu'il faut pour réussir dans ce métier en fin de compte... A quand la prochaine expo ? Je serais ravie de voir ce que vous avez dans le ventre...

Lorsque Kate lui proposa ensuite de l'accompagner dans sa visite de la gallerie, Shannon hésita et jeta un regard furtif à la pièce qui brillait derrière sa vitrine.

-Je ne sais pas trop... A vrai dire cela m'embêterait de trouver à mon retour un petit carton portant l'inscription "vendu". Et évidemment, c'est quand on cherche un responsable des ventes que l'on n'en trouve pas, ajouta-t-elle en balayant la salle des yeux.

Elle soupira, puis secoua la tête.

-Oh et puis après tout... Ce n'est pas tous les jours que l'on a la chance de pouvoir parcourir une expo en compagnie d'une critique d'art, toute modeste soit-elle ! Je suis sûre que vous allez m'apprendre plein de choses... Donc, je vous suis !

Shannon fit un signe de la main à Kate qui lui indiquait qu'elle n'avait qu'à passer devant, elle la suivrait.

-Il y a un parcours particulier que vous devez suivre ou vous êtes libre de visiter cette exposition comme bon vous semble ?

Les yeux de la jeune femme pétillaient de curiosité. Elle ne connaissait Kate Johnsson que depuis quelques minutes mais elle avait le sentiment que cette fille lui en avait plus appris sur la vie en si peu de temps qu'elle même n'avait pû en apprendre en 40 ans. C'était d'ailleurs une sensation assez étrange, que Shannon relégua dans un coin de son esprit. Ce genre de sentiment lui arrivait assez fréquemment ces temps-ci... D'abord, elle croyait que le coeur de Matt ne battait plus, puis trouvait que cette fille était trop au courant des choses de la vie... Le Dr Smith commença à penser que c'était elle qui ne savait plus trop où elle en était.

Shannon sembla statisfaite des réponses de la jeune artiste et lui demanda quand aurait lieu sa prochaine expo. Kate eut un de ses sourires en coin si familiers et répondit:
- Et bien je ne sais pas encore, mais je vous enverrez une invitation via l'hôpital.

Le docteur Smith hésita à suivre la critique dans son petit tour de la galerie, craignant de voir l'oeuvre sur laquelle elle avait jetée son dévolu envolée. Elle pesta ensuite sur les responasbles de vente, qui n'étaient jamais là au bon moment, puis se décida finalement à accepter la proposition. Malgré tout, cette femme semblée obstinée et si l'oeuvre était partie à son retour, la vampire présentait sa colère. C'est pourquoi elle lui glissa:
- Il n'y a pas grand monde à cette heure, vous devriez pouvoir l'acquérir sans problème. Et puis s'offrir une pièce pareille n'est pas donné à n'importe qui.

En effet, cet artiste avait la côté en ce moment, aussi bien au près de la critique que du public. Et à raison d'ailleurs, il fournissait un travail d'exception à chaque exposition, travaillait des mois durant simplement pour parfaire le tout... Mais malgré tout, il parvenait à être producutif et vendeur. Donc la valeur marchande ses oeuvres avaient doublées en trois ans, une hausse épatante s'il en est.

La rouquine fit signe à Kate de la précédait, ce qu'elle fit avec entrain. Elle commençait tout juste sa visite et sa critique ne s'écrirait pas toute seule, ce qui aurait été pratique, mais lui aurait ôter le plaisir rare de flâner gratuitement dans les galeries et d'y réfléchir à son aise dans son bureau. Une chose à laquelle la jeune brune n'était pas prête à renoncer de si tôt!

Shannon interrogea de nouveau la jolie peintre, avec une véritable curiosité dans les yeux, contrairement au début de leur rencontre. Cette ravissante personne était décidemment pleine de contradictions et de surprises. Une sacrée personnalité d'après ce qu'elle pouvait en juger, ce qui était une bonne chose d'ailleurs. La jeune vampire répondit, tout en prenant quelques notes sur le tableau champêtre sur leur droite:
- Non, le magazine pour lequelle je travaille me laisse beaucoup de libertés. C'est d'ailleurs pour ça que j'aime travailler là bas, ils m'envoient un ticket de cinéma, une place de théâtre, une invitation à une expo ou un bouquin ainsi que la date limite à laquelle je dois déposer ma critique et voilà.

D'ailleurs, la rédactrice en chef avait accordé ce traitement à la toute jeune Mlle Jonhsson mais à la condition sine qua non qu'elle ne fasse pas un faux pas. Une critique rendue en retard, un peu moins soignée et elle risquait le renvoi. Pour résumé, Kate était sur un siège éjectacle en or, mais éjectable quand même... Mais bon, jusqu'à maintenant, il n'y avait eut aucun problème. Même la fois où elle avait descendue le dernier blockbuster d'Hollywood, le magazine n'avait soutenue malgré les réactions un peu vives du producteur face à "la rébellion grotesque d'un magzine pour fillettes n'ayant jamais mis un pied dans l'art".

Aux yeux de la brune, les dites fillettes en savaient plus long que ce business-man sur l'art, mais bon l'affaire n'avait pas eut de suites et ce n'était pas plus mal pour ses affaires. Bref, l'heure n'était pas au souvenir et une statuette en étain un peu plus loin l'intriguait. Elle s'approcha et examina la chose sus toutes les coutures, incapable d'y mettre un nom décent. Un chien roulé en boule? Un crapeau? Non, ça devant idiot... La critique interrogea donc sa nouvelle connaissance:
- Vous pensez que c'est quoi ?

Kate avait craint que l'artiste n'ait perdu de son goût pour le fantasque et l'absurde, en voyant les peintures fraîches et printanières exposées près de l'entrée. Mais il n'était pas tombé dans de l'art grand public, qui se vendait comme des petits pains mais ne possédaient pas d'âme. Il avait conservé sa créativité hallucinante, inspirée d'autres temps et d'autres mondes. Un style qui avait particulièrement accroché l'oeil de la peintre et de la vampire...

Les deux jeunes femmes commencèrent leur promenade dans les allées de la galerie tout en bavardant. Les réponses de Kate à propos de son travail déclenchèrent l'animation de Shannon :

-Et bien... Je crois que je me suis trompée de vocation ! Des places de théâtre, de cinéma. Et vous recevez aussi les derniers bouquins parus... Pour moi, ça ressemble à l'existence idéale ! Vous croyez que vous pouvez me trouver une place dans votre magazine, je pourrais faire la critique de votre expo pour commencer ? demanda-t-elle en riant.

Elles s'arrêtèrent un instant devant une pièce disons, banale, puis continuèrent en direction qu'une sculpture plutôt intriguante.

-En fait, je vous dis ça mais je crois que je serais incapable de faire autre chose que mon boulot. Ce n'est pas un hasard si je finis toujours dans un hôpital, je crois que c'est... ma passion ? J'allais dire destin, mais cela sonne un peu trop dramatique à mon goût.

En prononçant ces paroles, Shannon réalisa qu'elle était tout bonnement en train de se confier à quelqu'un, Kate en l'occurrence, et que cela ne lui était plus arrivé depuis la fin de son mariage. Elle et Matt partageait une relation fusionnelle jusqu'à ce qu'ils commencent à avoir des problèmes et il était sans doute la personne qui savait le plus de choses sur elle. Depuis leur séparation, elle n'avait parlé d'elle à personne et même pendant leur divorce, elle avait préféré se murer dans le silence plutôt que de parler de ses démons.

"Cette fille est vraiment forte, c'est comme psychologue qu'elle devrait s'installer !"

La jeune femme allait d'ailleurs taquiner Kate à ce sujet quand la jeune critique d'art lui parla de la pièce qui se trouvait devant elles. A vrai dire, Shannon n'avait pas réalisé qu'elles s'en étaient déjà autant approchées.

La sculpture avait vraiment quelque chose d'attirant même si, Kate avait raison, il était plutôt difficile de distinguer ce que l'artiste avait voulu représenter.

-Euh... Je dirais que soit ce type était sous l'influence de drogues quand il a voulu réaliser un... chien ? Soit nous sommes en présence d'un animal mythique dont nous sommes incapable de retrouver le nom. Je penche pour cette seconde option, moins humiliante pour lui et pour nous, souffla-t-elle en se penchant vers Kate. Néanmoins, je viens d'avoir une idée. La chambre du bébé sera parfaite avec un tel détail, au moins lui ça ne le gênera pas de ne pas savoir ce que c'est !

Shannon attendait la réaction de Kate, un sourire ironique au lèvres. En effet, il aurait fallu avoir beaucoup d'humour et d'excentricité pour installer une telle oeuvre dans une chambre d'enfant.

Shannon se demanda si elle n'avait pas choisi a mauvaise voie finalement, tant les aventages indéniables du boulot de la jeune vampire lui semblaient plaisants. Et elle n'avait pas tort, recevoir les livres les plus récents gratuitement était génial, d'ailleurs elle n'était généralement pas obligée de les rendre. Et puis, c'était sans compter le cinéma, le théâtre, les expos... Son travail était passionant et divertissant, de plus il offrait une complémentarité enrichissante à son travail de peintre. Kate répondit donc, toujours souriante:
- Oh vous savez c'est fastidieux une critique, il y a tout un tas de petites règles à respecter, nombre de lignes, sujets à aborder... Mais bon ces petits désaventages sont largements compenser par ce que ce métier a de génial!

La belle rousse se reprit ensuite, décrétant qu'elle était faite pour le métier de médecin, parlantde passion à défaut d'un meilleur terme, puisque destin était en effet légèrement excessif. La brunette voyait ce qu'elle vouait dire, elle non plus ne se voyait pas travailler dans un autre domaine. Depuis toujours la jeune Jonhsson s'était intéressée à l'art sous toutes ses formes, et avait trouvé son bonheur plus particulièrement dans la peinture. C'est pourquoi elle répliqua:
- Je comprends ce que vous voulez dire. Mon métier aussi est... une vocation on va dire, c'est moins grandiloquent que destin, d'autant plus que je ne crois pas au destin.

Un rire frais s'échappa de ses lèvres, et elle se dit qu'elle avait peut-être tort... Disons alors qu'elle croyait à la chance et au hasard. C'était une chance inouïe qui l'avait conduite ici, vers Beth et Adam. Du bonheur après la tourmente, pas le destin mais un retournement de situation. Cela lui sembalit un bon compromis entre les faits et ses opinions.

Le docteur Smith se pencha alors sur le cas de l'étrange sculpture qu'elles avaient sous les yeux. Elle l'examina avec attention et décréta ensuite que c'était peut-être un chien, auquel cas l'artiste avait forcé sur les substances illicites. L'hypothèse suivante, incluant la représentation d'un animal de légende dont elle ignorait l'existence. Cette dernière solution était la meilleure, elle ne supposait ni incompréhension du spectateur, ni hallucination du sculpteur.

Kate s'apprétait à approuver, quand la jeune femme se dit que ce serait une excellente idée de mettre l'oeuvre dans la chambre de son futur enfant. La jeune peintre ne se laissa pas démonter, amusée au contraire et entrant dans l'ironie de son interlocutrice comme elle aimait le faire:
- Et avec ça vous lui faites écouter Chopin en berçeuse, vous lui lisez Le songe d'une nuit d'été comme histoire du soir et vous avez toutes els chances qu'ils deviennent un de ces saltimbanques libertins sans le sous!

Pas une once de plaisanterie n'éclairait son visage, si ce n'était qu'une ombre de sourire en coin, discret. La brune commençait à vraiment apprécier cette singulière rouquine...

Au grand bonheur de Shannon, Kate lui répondit du tac au tac. La jeune fille venait de lui montrer à nouveau combien elle était vive et spirituelle. Son rire quelques instants plus tôt, lorsqu'elle parlait de son attrait pour son métier, avait d'ailleurs confirmé la chose.
Le Dr Smith éclata de rire à son tour quand elle entendit les prédictions sur l'avenir de son enfant.

-Non, non, non... J'aurai déjà fort à faire pour empêcher son père ne lui parler que de médecine et de maladies rares, je vais essayer d'éviter le côté trop littéraire. Un juste milieu, ce sera parfait !

Shannon remit une mèche de ses cheveux en place. Elle n'avait jamais évoqué la possible paternité de Matt tout haut auparavant. Elle avait déjà du mal à s'imaginer elle en tant que mère, alors voir Matt dans son futur rôle de papa gâteau était plutôt difficile... Mais agréable néanmoins, ce qui la fit sourire.

-Alors non, Kate, rassurez vous, je ne vais pas installer ce "chien" chez moi, mais je suis sûre que vous allez pondre un papier épatant à son sujet, décrivant à quel point cet objet est... inspirant et original, et ça, je peux vous dire que je le lirai !

Jetant un petit coup d'oeil à sa montre, Shannon grimaça. Le temps avait passé plus vite qu'elle ne l'avait prévu et si elle voulait retourner chercher l'autre sculpture, puis se rendre à l'hôpital à temps pour sa deuxième garde de la journée, elle allait devoir abandonner sa compagne d'exposition.

-Kate, j'espère que vous n'allez pas m'en vouloir mais le devoir m'appelle aussi et je voudrais être sûre de ne pas me faire piquer la petite boule...

Elle était désolée de devoir partir si vite, surtout après cet échange agréable.
Jetant un dernier regard au prétendu chien, son visage se fendit à nouveau d'un sourire. Cette bestiole l'amusait beaucoup.

-Vous avez décidé ce que vous allez écrire à son propos ? Et si je vous donne mes coordonnées, est-ce que vous pourriez me faire parvenir un exemplaire du numéro dans lequel votre critique va paraître ?

Sans attendre la réponse de Kate, Shannon chercha sa carte dans la pochette qu'elle tenait à la main.

Shannon répliqua du tac au tac qu'elle se débrouillerait pour que son enfant trouve un juste milieu entre science et littérature. Ce qui semblait difficile pour le futur enfant de deux médecins, mais possible après tout. Il lui suffisait d'un minimum d'esprit de révolte pour ne pas suivre le destin tout tracé qu'on pouvait lui imaginer, et c'est tout ce que Kate espérait pour lui. Elle-même n'aurait pas supporté de devoir suivre les traces de quelqu'un d'autre sous des prétextes idiots comme l'hérédité. On construit son chemin suivant nos envies pas celles de quelqu'un d'autre.

Mais heureusement pour le futur nourisson, sa maman semblait tout à fait d'accord avec ce principe et le laisserait sûrement choisir sa voie. C'était visiblement le papa qui posait problème, mais avec une compagne au caractère aussi trempé que celui de docteur Smith, il n'était pas certain que cela soit franchement gênant.

Kate détourna son attention de cette conversation très intéressante l'espace de quelques instants, histoire de griffoner tout ce qui avait trottait dans un coin de sa caboche depuis qu'elle papotait avec Shannon. Après tout, elle était là pour écrire un papier décent, pas se faire de nouvelles amies à la base. D'ailleurs la belle rousse souligna qu'elle ne manquerait pas de matière avec une oeuvre aussi orginale que ce "chien". Il allait sans dire qu'elle aurait put faire une critique sur juste cela, mais ce n'était pas ce qu'on lui avait demandé. Pas un mouton d'accord, mais pas rebelle suicidaire non plus...

Le médecin s'excusa ensuite de devoir filer mais demanda à la jeune artiste de lui envoyer un numéro du magazine dans lequel serait publié sa critique, qui l'intriguait d'ailleurs. La jolie brune n'eut pas le temps de répondre qu'elle se retrouvée déjà avec une carte à la main. Elle sourit, la rangea dans son grand sac à main et répondit:
- Aucun problème, je vous la ferez parvenir. Et pour ce qui est de son contenu, je n'ai encore rien de précis dans la tête, mais il sera propablement fait mention du public hétéroclite et des rencontres imprévues au gré d'une boule de verre...

Elle fit un clin d'oeil à son interlocutrice et fit demi-tour pour examiner le reste de l'exposition...

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» L'Art... de la rencontre (PV Kate et Josef)
» Une rencontre percutante (Pv Kate)
» Cohabitation et Complications (pv Kate)